Sunday, November 17, 2013

Krugman's trilogy on (Non-crisis) France

Paul Krugman has recently published three blogposts on France (Ideological ratingsNon-Crisis France and More notes on French-bashing) which he has summarized in an Oped.

In these articles, Krugman looks at the recent downgrade of French public debt by S&P(*), and makes the following point:

" It can’t be overemphasized that the rating agencies have no, repeat no, special information about national solvency — especially for big countries like France. Does S&P have inside knowledge of the state of French finances? No. Does it have a better macroeconomic model than, say, the IMF — or for that matter just about any one of the men and women sitting in this IMF conference room with me? You have to be kidding."

Point well taken, and so obvious that rarely mentioned in the media...

Krugman then provides several figures showing that France has not performed too badly (in terms of GDP/capita or public debt) compared to its neighbors recently. 

"By just about any measure I can find, however, France looks not too bad by European standards. GDP has recovered roughly to pre-crisis levels; the budget deficit is fairly small and the medium-term debt outlook not at all scary; the long-term budget outlook is actually pretty good compared with its neighbors, thanks to a higher birth rate."

He then argues that France is being "punished" for having (more or less) balanced its long term budget by increasing taxes rather than by decreasing expenditures:

"Again, the point is not that France is problem-free; the question is why this only moderately troubled nation attracts rating downgrades and so much apocalyptic rhetoric.
And the answer just has to be politics. France’s sin isn’t excessive debt, especially poor growth, lousy productivity (it has more or less matched Germany since 2000), poor job growth (ditto), or anything like that. Its sin is that of balancing its budget by raising taxes instead of slashing benefits. There’s no evidence that this is a disastrous policy — and in fact bond markets don’t seem concerned — but who needs evidence?"

It seems that President Hollande still has at least one supporter ... overseas.

I actually believe that Krugman would be less sanguine if he were to delve into the microeconomics of the French policies of the last years. It may be OK to increase taxes rather than decreasing expenditures (I'll leave that to macroeconomists), but this falls far short of proving that the way taxes are increased currently is consistent with any n-best optimum... (n=2;3,...)

(*) A nice pun by Le Canard enchaîné: We use to be standard, now we are poor...

Saturday, November 16, 2013

Le modèle breton vu par le Canard enchaîné

Update: Voici le point de vue de Gilles Saint-Paul, et sa conclusion:
"The  inherent contradiction in French economic policy is to insist on implementing ideologies that hamper markets, while at the same time participating in globalization, which makes flexible markets more necessary. French politicians live under the delusion that they can survive that contradiction by making it up with subsidies. Last week only the government spent 5 billion Euros of taxpayer money to appease interest groups, including the angry Bretons. They hope that they can find some more malleable people willing to remain silent while they have to pay more taxes to finance the subsidies that the more vocal, connected, or violent groups managed to get for themselves."

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L'article ci-dessous du Canard enchaîné décrit le "modèle breton, fondé sur les bas salaires, la médiocrité de la production et le mépris de l'environnement". Les descriptions de la qualité de la nourriture produite en Bretagne font immanquablement penser à Tricatel dans L'aile ou la cuisse ...

Apparemment, cette production était viable grâce aux subventions européennes, dont la suppression était prévue de longue date.

Autre élément d'information, "un expert de la filière avicole évalue la proportion d’illettrés à quelque 30% parmi les travailleurs...". Cela peut expliquer l'intensité des réactions des intéressés, qui ont effectivement peu de chances de trouver du travail bien rémunéré ailleurs.

Dernier clou au cercueil, on apprend que "les militants trotskistes tiennent l'appareil du syndicat en Bretagne". Et visiblement, même quand les entreprises sont en danger de mort, les vieux réflexes d'opposition aux patrons l'emportent encore sur l'union sacrée.

Il semble que d'un point de vue social, il vaudrait mieux augmenter le capital humain de ces travailleurs plutôt de que subventionner une activité polluante qui produit des biens de très basse qualité. Mais je ne suis pas volontaire pour aller expliquer cela aux camarades trotskistes des syndicats locaux...



Tuesday, November 12, 2013

L'incidence fiscale selon La Dépêche

Ce matin, je me suis retrouvé coincé sur la rocade toulousaine par des camions venant de centres équestres qui menaient une opération escargot. Heureusement, la gendarmerie veillait ... à ce que personne n'emprunte la voie d'arrêt d'urgent pour échapper à cette prise en otage.

J'ai voulu connaître la raison de leur colère (difficile de lire les calicots déployés quand on est derrière les camions...), et la lecture de La Dépêche m'apprend qu'ils protestent contre la suppression du taux réduit de TVA dont ils bénéficiaient (sur quelle base, je l'ignore...). Donc, la TVA va passer de 7% à 20%, et La Dépêche en profite pour relayer un magnifique calcul d'incidence fiscale:

"Aujourd’hui, nos centres dégagent en moyenne 7 % de bénéfice, si on applique le nouveaux taux de TVA, ces 13 points de fiscalité en plus vont faire plonger notre économie"

Voilà un sujet d'examen tout trouvé ;-)

Les centres équestres manifestent… à cheval dans les rues de la ville

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Avec 35 000 licenciés, l'équitation est le quatrième sport en Midi-Pyrénées./Photo DDM, archives
Avec 35 000 licenciés, l'équitation est le quatrième sport en Midi-Pyrénées./Photo DDM, archives
La décision du gouvernement de faire passer la TVA de 7 à 20 % dans les centres équestres n’est pas du goût des professionnels qui manifesteront ce matin, à Toulouse, en organisant un défilé à cheval avant d’être reçus à la préfecture. Plus de 300 cavaliers sont attendus.
Les centres équestres ne veulent pas mourir. Et si l’on en croit les professionnels de la filière, nombre de structures pourraient disparaître dans l’année, si le décret gouvernemental portant la TVA de 7 à 20 % est appliqué. «Cela concerne toutes les prestations, de la pension des chevaux à la commercialisation des activités, explique Jean Henry, le président du comité régional d’équitation de Midi-Pyrénées. Aujourd’hui, nos centres dégagent en moyenne 7 % de bénéfice, si on applique le nouveaux taux de TVA, ces 13 points de fiscalité en plus vont faire plonger notre économie». Selon lui, c’est un bon tiers des centres équestres qui sont menacés à court terme et la moitié dans les deux ans. Le poids de cette filière n’est pourtant pas négligeable dans la région. «Nous sommes le quatrième sport pratiqué avec 35 000 licenciés et 553 clubs dont 28 se sont créés cette dernière année», souligne Jean Henry. Pour les professionnels, le taux réduit de TVA, qui avait été obtenu il y a une douzaine d’années, avait justement permis de stabiliser le secteur et de démocratiser la pratique de l’équitation avec une augmentation fulgurante de 84 % de pratiquants en dix ans.
«Le gouvernement veut anticiper les rétorsions européennes, déplore Jean Henry, car Bruxelles ne reconnaît pas le caractère agricole de la filière, alors que les élevages canins ou les fleuristes continuent, eux, de bénéficier de la TVA à 7 %». Autre sujet de préoccupation… la réforme des rythmes scolaires. «Avec les nouvelles dispositions, le mercredi, nous sommes passés de 7 heures de cours à 2 heures. Les centres perdent une journée d’activité par semaine», note Jean Henry, soucieux des conséquences économiques sur tous les acteurs du secteur et sur l’emploi. «Du maréchal-ferrant à l’éleveur, tout le monde sera touché. Il faut savoir que les chevaux qui ne sont plus utilisés sont abattus». À l’heure où la France attend les prochains jeux équestres mondiaux, organisés l’an prochain en Normandie, Jean Henry veut croire que les inquiétudes de la profession, «qui forme les champions de demain», seront entendues. La mobilisation, ce matin, promet en tout cas d’être massive. Ce sont plus de 300 cavaliers qui sont attendus dans les rues de Toulouse. Ils partiront de l’hippodrome de La Cépière vers 11 heures jusqu’à la place Saint-Étienne et la préfecture, où une délégation représentative de la filière équine Midi-Pyrénées sera reçue par le Préfet. Le cortège retournera ensuite vers l’hippodrome. Spectacle garanti.

Saturday, November 9, 2013

Frais de port et prix unique du livre

Il semble que le masque soit tombé pour ce qui est de la justification du prix unique du livre: fini le temps où on essayait de défendre cette politique par un soutien à la création ou autre vague objectif culturel. Le Monde reconnaît maintenant qu'il s'agit simplement de soutenir le petit (?) commerce, en l’occurrence les librairies. Et cela même si cela doit en coûter aux consommateurs. Après tout, si ce qui intéresse le législateur est l'accès de tous à la culture, on voit mal comment reprocher aux plateformes d'e-commerce (Amazon, FNAC ou autres) d'être disponibles partout sur le territoire (grâce au service universel de La Poste!) et de pratiquer les prix les plus faibles.

A quand le prix unique des pièces de rechange de vélo, pour soutenir les vendeurs spécialisés de proximité qui sont mis en pièces ( ;-) par les plateformes d'e-commerce?



Prix du livre : droite et gauche unies pour défendre les libraires face à Amazon

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La gratuité des frais de port, composante importante de la stratégie d'Amazon, coûte 5,1 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) au niveau mondial au géant américain, selon le SLF.

La défense de la librairie est un des rares sujets qui fasse consensus sur les bancs de l'Assemblée nationale, entre élus de droite et de gauche. Jeudi 3 octobre, les députés ont adopté une proposition de loi de Christian Jacob (UMP, Seine-et Marne), Christian Kert (UMP, Bouche-du-Rhône) et Hervé Gaymard (UMP, Savoie), qui modernise la loi dite Lang sur le prix unique du livre, adoptée en 1981.

Cette proposition de loi vise à ne pas intégrer les frais de port dans le prix des ouvrages. Au final, les députés ont adopté un amendement qui prévoit qu'à l'avenir les acteurs du commerce du livre ne pourront pas cumuler le rabais autorisé de 5 % sur la vente des livres neufs et la gratuité des frais de port. Actuellement, seules les entreprises Amazon et la Fnac pratiquent cette double réduction pour la vente en ligne de livres.
Jusqu'en début de soirée, mercredi 2 octobre, à la veille du débat en séance, les tractations se sont poursuivies entre le gouvernement et le rapporteur UMP du texte, Christian Kert. "Le gouvernement est emmerdé depuis le début, car ils sont d'accord sur le texte", raillait-on du côté du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Pour autant pas question pour lui de voter telle quelle une proposition de loi de l'opposition. De fait, lors du débat en commission, le 18 septembre, celle-ci avait inhabituellement décidé "de ne pas présenter de conclusions", espérant trouver une voie de compromis avant l'examen en séance. C'est chose faite : le gouvernement a donc présenté l'amendement qui empêche l'abattement de 5 % si les frais de port sont gratuits.
"COMPORTEMENTS PRÉDATEURS"
Si, côté majorité, l'on veut croire que cet amendement du gouvernement "réécrit tout le texte ", M. Kert assure que l'objectif reste le même : "Faire en sorte que le prix du livre vendu en ligne soit plus élevé que celui vendu par le détaillant en librairie indépendante." Et c'est la raison pour laquelle il indiquait au Monde, mercredi, qu'il voterait cet amendement. Non sans avoir préalablement défendu le sien qui "verrouillait beaucoup mieux le dispositif", dit-il.
Du côté du gouvernement, on explique surtout que l'intérêt de ce texte est "delimiter les comportements prédateurs". Aujourd'hui, le commerce en ligne de livres s'est imposé comme le troisième réseau commercial derrière les librairies indépendantes et les grandes surfaces culturelles, qui font jeu égal à 23 % de parts de marché. Internet représentait 17 % des ventes de livres de littérature générale en 2012 et Amazon capte à lui seul 70 % de ce marché, loin devant la Fnac et les autres sites marchands.
Pour le chercheur Vincent Chabault, auteur de l'ouvrage Librairies en ligne(Presses de SciencesPo, mai 2013) "le commerce électronique détient 20 % du marché du livre imprimé aujourd'hui et exerce une pression croissante sur les librairies".
De fait, la librairie française n'a pas su prendre en marche le train du Web. Jaloux de leur indépendance, les libraires, fédérés au sein du syndicat de la librairie française (SLF), n'ont jamais réussi à s'entendre pour créer un site commun de vente. Leur seule tentative, le lancement du site 1001 libraires.com en 2011, a été un échec commercial retentissant qui a coûté près de 2 millions d'euros à la profession.
TOUS LES LIBRAIRES PERDENT DE L'ARGENT
Or, aujourd'hui le ticket d'entrée sur Internet est devenu beaucoup trop élevé pour la trésorerie des librairies indépendantes. D'un côté, les grandes librairies de province ont certes créé leur propre site comme Mollat à Bordeaux, Sauramps à Montpellier, ainsi que les groupes comme Gibert à Paris, Decitre àLyon ou le Furet du nord. De l'autre, deux tentatives pour regrouper les énergies individuelles ont vu le jour, celle du collectif Librest, réunissant des libraires de l'est parisien et celle de Charles Kermarec, ex-patron de la librairie Dialogues àBrest qui a lancé le portail les libraires.fr. "Mais, aujourd'hui, tous les libraires perdent de l'argent, quand ils sont sur Internet et dans le même temps, ils ne peuvent pas se permettre de ne pas y être", explique Guillaume Husson, délégué général du SLF.
Si l'actuelle proposition de loi est votée, elle devrait réduire l'avantage concurrentiel d'Amazon et soulager aussi financièrement la Fnac. La gratuité des frais de port, composante importante de la stratégie d'Amazon, coûte 5,1 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) au niveau mondial au géant américain, selon le SLF. Pour le syndicat, cette pratique s'apparente à une stratégie de dumping.
Face à ces accusations, la direction d'Amazon France a réagi, en expliquant qu'elle réalisait "plus de 70 % de ses ventes sur les livres de fond de catalogue" et que, par conséquent, l'entreprise américaine était plus"complémentaire" que "concurrente" de la librairie française, qui vend davantage de nouveautés. Elle a aussi estimé que l'adoption de cette loi, en renchérissant le prix des livres, serait une mauvaise nouvelle pour les consommateurs.

To test or not to test

I recommend the NOVA ScienceNOW podcast on genetic testing, a subject I am working on with David Bardey.

Giving cash would not help (much) reducing future poverty

A Freakonomics podcast episode discusses a nice historical experiment about a
1832 land lottery in Georgia that randomly rewarded roughly 20 percent of its participants with a big, valuable tract of land. Pairing this data with U.S. Census data, Bleakley and Ferrie were able to see what happened to these newly wealthy families — if, for instance, their children became more educated, and were more successful down the road.

Results are quite bleak, although very interesting:


Would a Big Bucket of Cash Really Change Your Life? A New Freakonomics Radio Podcast

Why does poverty persist? Is economic mobility still a real part of the American dream? And if you gave every poor family a big bucket of cash, would it substantially change the trajectory of its future?
Those are some of the questions we ask in our latest podcast, “Would a Big Bucket of Cash Really Change Your Life?” (You can subscribe at iTunes, get the RSS feed, or listen via the media player above. You can also read the transcript; it includes credits for the music you’ll hear in the episode.)
It attempts to answer an e-mail we received from a reader named Thomas Appleton:
What would be the socioeconomic effects if the 50 wealthiest Americans each gave $50,000 to 50 different American families, repeating this practice annually with new beneficiaries? How about if these families were targeted in a limited area; say, across some of the poorest neighborhoods in Brooklyn?
As we explain in the podcast, even if we could get 50 wealthy people to give $50,000 to 50 families every year, we’d have to wait a long time to measure the long-term effects. So wouldn’t it be great if, somewhere in history, something like this already happened – that there’d been a huge cash giveaway that produced a magical dataset that some scholars could analyze in order to answer these questions?
Enter Hoyt Bleakley and Joseph Ferrie, economists at, respectively, the University of Chicago and Northwestern. They are the authors of a fascinating new paper called “Shocking Behavior: Random Wealth in Antebellum Georgia and Human Capital Across Generations.” In the podcast, you’ll hear Bleakley describe an 1832 land lottery in Georgia that randomly rewarded roughly 20 percent of its participants with a big, valuable tract of land. Pairing this data with U.S. Census data, Bleakley and Ferrie were able to see what happened to these newly wealthy families — if, for instance, their children became more educated, and were more successful down the road.
So what happened? I’d tell you the answer right here but I know how much you love to be surprised. Also: you guys are so sharp that I’m guessing you’ve already guessed the answer by now. If you need a hint: think about what happens to modern lottery winners.
While the Georgia land lottery happened a long time ago, the research findings could hardly be more timely. Income inequality is a huge concern these days, as is the question of whether cash transfers –  conditional and/or unconditional — are a viable means of lifting poor families out of poverty. I cannot say this podcast will necessarily change your mind if you have a deep-set opinion about the wisdom of cash transfers, but it is certainly good to hear about the long-term evidence from such a large-scale intervention.
Feedback welcome, as always. And thanks, Thomas, for kicking off a good conversation.

Sécurité routière (suite)


Selon ce reportage de PBS, une autre politique (que la baisse de la vitesse moyenne) est très efficace pour lutter contre les accidents mortels de la route: la lutte contre l'alcool au volant. L'ampleur des effets obtenus par la nouvelle politique implémentée en Colombie Britannique (Canada) est vraiment impressionnante.

A écouter et voir ici.


SUMMARY
New drunk-driving laws in British Columbia have led to a dramatic decrease (roughly 50%) in alcohol-related fatalities over the past two years. Officials ramped up penalties on drivers who tested at a lower blood alcohol level (.05, as opposed to the current .08 legal standard) and authorized police to immediately impound cars.

L'ABC de la sécurité routière

L'article du Monde ci-dessous est intéressant à plus d'un titre. Il se focalise essentiellement sur l'impact de la baisse de la vitesse sur le nombre de morts sur la route. Apparemment, l'élasticité est très élevée puisqu'elle serait de 4! On aimerait en savoir plus, comme par exemple isoler l'impact des radars sur la vitesse et le nombre de morts sur autoroutes, par opposition au reste du réseau routier. En tous cas, rien à première vue qui confirme les conversations de comptoirs (malheureusement répercutée par Gilles Saint-Paul ici) sur le fait que les radars soient placés en vue de maximiser les recettes plutôt que la sécurité routière...

Ensuite, c'est l'absence des aspects ayant trait aux coûts qui me frappe. Nulle part dans la discussion n'intervient la comparaison des coûts et bénéfices des diverses propositions envisagées. A croire que diminuer la vitesse, et donc la durée des trajets, n'a aucun coût pour la société. Pourquoi s'arrêter à 80 kmh alors, et pas 60 ou 40?

Bref, il me semble que les économistes ont encore beaucoup à faire pour imposer l'ABC (analyse coûts bénéfices) dans les discussions reprises par les médias...

Vers une diminution de la vitesse sur les routes départementales


Un rapport, rendu le 30 septembre par les experts du Conseil national de la sécurité routière (CNSR), et auquel l'AFP a eu accès, préconise de réduire de 10 km/heure la vitesse sur les routes où elle est limitée à 90 km/heure. Elle passerait ainsi à 80 km/heure.
En France, les deux-tiers des décès se produisent en effet sur le "réseau départemental principal" - il s'agit des routes qui n'ont pas de séparateur médian.
Les experts sont toutefois divisés sur les mesures à prendre: ils indiquent que 450 vies seraient sauvées chaque année si on baissait la vitesse sur l'ensemble du réseau, et 200 seulement, si on ne le faisait que "sur les zones les plus dangereuses".
Les premières réactions:
La proposition sera discutée le 29 novembre par l'ensemble des membres du CNSR, que préside le député PS Armand Jung.
Tout en se refusant à prendre ses collègues de vitesse, Pierre Chasseray, le délégué général de 40 millions d'automobilistes, s'y déclare opposé.
En effet, son association remet en cause l'une des conclusions de l'accidentologie qui met en évidence un lien entre vitesse et accidents. En 1982, Jan-Eric Nilsson, chercheur à l'Institut suédois des routes, a montré qu'une diminution de 1 % de la vitesse moyenne entraîne une baisse de 4 % du nombre des accidents mortels.
                                        1% ----> 4%
Ce modèle a pourtant pu être vérifié entre 2002, date à laquelle le président Jacques Chirac a élevé la sécurité routière au rang de "grande cause nationale",et 2010.
Les politiques mises en œuvre, notamment l'installation des radars automatiques et la fin des indulgences envers ceux qui doivent payer des amendes, ont permis de faire baisser la vitesse moyenne.
De 90,5 km/h en 2002 , la vitesse moyenne a chuté à 79,4 km/h en 2010, soit une réduction de 12,26 %. Le nombre de morts est passé de 8250 en 2001 à 3992 en 2010.
Tout en déplorant "la fuite de ce rapport confidentiel", Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière,  se réjouit au contraire de cette proposition.
Elle espère qu'elle sera adoptée - par le conseil interministériel de sécurité routière - qui devrait se tenir en janvier - , en dépit de la proximité des élections municipales.
Elle souhaite qu'elle concerne l'ensemble du réseau départemental et non seulement des "zones dangereuses", qui, selon elle, n'existent pas, la dangerosité sur trouvant partout.
Elle rappelle que son organisation est favorable à la diminution des vitesses sur tous les réseaux, mais en priorité sur celui-ci.
Sera-t-elle suivie d'effet?
Le ministre de 'intérieur, Manuel Valls, avait déclaré, le 21 juin, lors de la dernière séance plénière du CNSR: "Je reste convaincu que c'est en baissant davantage la vitesse sur les routes, et notamment les routes secondaires, que nous aurons une baisse de la mortalitéSi demain, il faut des mesures dans ce sens, je n'hésiterai pas à les prendre."
L'objectif de l'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, était de passer sous la barre des trois mille tués par an, à la fin de son quinquennat. Celui de Manuel Valls, en fait imposé par la Commission européenne, est de les faire passer sous la barre des deux mille en 2020.
Les experts du CNSR l'invitent à agir: ils estiment que les mesures actuelles de sécurité routière, comme le contrôle par les radars, continueront certes à produire leurs effets dans les années à venir. Mais ils évaluent à 2.800 le nombre de tués d'ici à 2020 "si rien de nouveau ne se produit".
Les experts du CNSR proposent également d'éliminer les obstacles verticaux au bord des routes (arbres, murs, poteaux ou fossés), impliqués dans 1.370 décès en 2012, ou au moins de les isoler, par exemple grâce à des glissières de protection.
Une telle mesure, si elle était mise en oeuvre en priorité sur les routes secondaires supportant le plus gros trafic, permettrait selon eux de sauver "entre 120 et 270 vies".
Les experts recommandent pour la financer d'utiliser les recettes des radars (le contrôle sanction automatisé, CSA).
Il suggèrent par ailleurs de lutter contre l'alcool au volant, notamment en réfléchissant à la mise en place d'éthylotests anti-démarrage (EAD) dans certains cas. Les EAD pourraient ainsi être proposés aux jeunes conducteurs, contre une réduction de leur prime d'assurance
Ils invitent à renforcer le "management de la sécurité routière", principalement via une communication "plus réactive et pertinente" - lire à ce propos cet article concernant les insultes à Mme Perrichon - le développement du contrôle sanction automatisé (CSA) et l'affectation des recettes du CSA "au financement des actions agissant directement sur la sécurité routière".