Sunday, February 24, 2013

Education et croissance

Une lecture recommandée en français, pour une fois. Il s'agit d'un article de vulgarisation de David de la Croix (UCL, Belgique) sur Education et croissance, accessible ici.

Abstract

Les personnes plus éduquées ont en moyenne un meilleur salaire et de meilleures chances de trouver un emploi. Au niveau macroéconomique, les pays et régions avec une population mieux éduquée ont un niveau de PNB par habitant plus grand. Est-il vrai pour autant qu’une politique éducative volontariste, par  exemple en accroissant les budgets alloués à l’enseignement, se traduise par davantage de croissance et permette de combler un retard de développement dont souffrirait un pays ou une région donnée?

L'accent est mis sur la Belgique, mais les résultats devraient intéresser l'ensemble des Européens. Le taux de rendement privé de l'éducation est estimé à 8.5% en Belgique (les bénéfices sont à la fois un revenu d'activité plus élevé et une chance plus élevée de trouver un emploi). Les différences entre provinces au sein du pays reflètent principalement l'effet sur la probabilité d'emploi. L'article calcule également comment certaines politiques publiques (comme l'assurance chômage) affectent ce rendement.

L'auteur poursuit:

"Là où il y a davantage de controverses, c’est sur la manière dont le système éducatif doit s’y prendre pour favoriser l’éducation et son rendement. De ma lecture de la littérature sur le sujet, je retiendrais que, contrairement à ce que l’on pourrait attendre, les moyens budgétaires et le taux d’encadrement ne sont pas des facteurs particulièrement importants, mais que, au contraire, la qualité des enseignants et l’autonomie donnée aux écoles sont essentiels, du moins dans les pays développés."


Autres morceaux choisis:

Face à l’unanimité entourant les effets microéconomiques de l’éducation, le monde politique pourrait être tenté de conclure qu’il suffit d’accroître l’investissement éducatif pour générer de la croissance. Or, ce n’est apparemment pas si simple. L’éducation ne se décrète pas. D’après Easterly, pour obtenir un effet sur la croissance, il est essentiel de développer les bons incitants auprès des acteurs de l’éducation : pour les élèves, pour les enseignants, et pour les parents. C’est seulement sous cette condition qu’une politique d’expansion de l’éducation pourra avoir les effets espérés. Des objectifs administratifs tels que d’atteindre un tel taux de fréquentation scolaire (pour un pays en développement), ou tel taux de redoublement (pour un pays développé), ne créent pas en soi les incitants à investir dans ce qui va générer de la croissance
(...)
La littérature récente sur le lien entre éducation et croissance incorpore depuis quelques années une telle notion, mesurée par les scores obtenus aux tests internationaux en mathématiques et en sciences, comme les tests de l’OCDE PISA. La corrélation entre ces mesures de qualité du capital humain et la croissance est positive, forte, et robuste.
(...)
Avoir le niveau de qualité de la Finlande plutôt que celui de la moyenne de l’OCDE procure un avantage de croissance de 0.87% chaque année. Cumulé sur quelques années, l’écart de niveau de vie généré par ce différentiel de croissance devient rapidement impressionnant. Le coût d’un système éducatif de mauvaise qualité devient donc très vite exorbitant.

Bref, une lecture à recommander (entre autre) à notre Président Hollande...

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